(Suite Hyu-Nali) - Meilleures ennemies.

Après l'incident de Sakdoss, Naliaena décida de se montrer plus vigilante. Perdue dans ses pensées qu'elle était, elle n'avait pas souvent daigné accorder un regard à ses compagnons, durant le voyage. Elle avait tendance à s'extasier et s'émerveiller pour un rien. Evidemment, Hyu et Sakdoss n'étaient pas au courant. Naliaena ressentait plutôt chacune de ses émotions au plus profond d'elle même, ne les laissant paraître au grand jour que lorsqu'elle était seule. Il ne se trouvait alors que quelques écureuils pour partager ses joies et ses peines.
C'est arrivée devant le temple de la Terre que Naliaena offrit son premier sourire à ses compagnons. Mais ce n'était pas un sourire de joie, et il n'était pas très engageant. Il paraissait plutôt exprimer l'auto-satisfaction, bien qu'elle n'ai rien fait d'extraordinaire. Peut être était-elle simplement fière d'être resté en telle compagnie jusqu'à son but. Quoiqu'il en était, la mission touchait à sa fin, mais le plus dur, le plus amusant par conséquent, commençait.
Elles avaient pour mission, l'une, de tuer un trafiquant de drogues, un prêtre prescrivant des herbes malsaines à ses fidèles, les faisant passer pour des herbes religieuses, pour le compte de l'harmonie. L'autre, afin de servir le chaos, devait dérober ces mêmes herbes dans le but d'en faire profiter son employeur. Elles avaient décidé d'intervertir leurs missions, Hyu répugnée à l'idée de tuer à nouveau, Naliaena trouvant bien plus palpitante l'idée de se venger de quelques fautes non commises sur un prêtre qu'elle aurait pu apprécié pour ses actes, en d'autres circonstances.
Entrant dans le temple, nos trois compagnons furent surpris de ne trouver qu'un silence complet.
En ces lieux,l'obscurité régnait en maître. Les longs corridors sombres n'étaient parcourus que par de longs souffles d'air. Les quelques chandelles accrochées aux murs semblaient avoir été mouchées, pour la dernière fois, bien des années auparavant. Les tentures et les tapisseries qui recouvraient les murs étaient ternes et mal entretenues, le tapis rouge de velours, qui serpentait jusque dans l'obscurité la plus noire, était imprégné de poussière, de fait que lorsque l'elfe posa un malencontreux pied dessus, un nuage de moutons grisonnant s'éleva au dessus d'elle.
Personne n'avait prononcé un mot, l'atmosphère lugubre incitant plutôt au silence.
Sakdoss reniflait de temps en temps les recoins du couloir. Sûr qu'un endroit comme celui-ci devait pulluler de rongeurs en tout genre, de quoi satisfaire le gros chat qu'il était.
Naliaena commençait à sérieusement s'interroger quant aux habitants d'un tel endroit, lorsqu'ils croisèrent ce qui semblait être un... fantôme?
Ce pâle spectre se dirigeait vers eux, marmottant quelques âneries incompréhensibles.
Il avait les globes oculaires révulsés, l'air hagard et tendait devant lui, sa main.
Un sourire incrédule illuminait son visage, tandis qu'il répétait inlassablement:

-Bonjouuuur... Booooonjouuuuur!En regardant les demoiselles.

Naliaena et Hyu se dépêchèrent de s'éloigner.

-Hum, je crois que nous sommes bien au bon endroit. Ce fantôme m'a tout l'air d'être celui d'un homme aimant particulièrement les drogues. Fortes, sûrement.

-Bonjouuuur... Booooonjouuuuur!

Hyu resta un moment là, à regarder le spectre, perplexe et ne sachant que faire puis, voyant Naliaena continuer sa route, elle contourna rapidement l’espèce de spectre avant rejoindre les côtés de Sakdoss.
Bizarre le mec...
Boarf, tant qu’il ne nous embête pas...

La compagnie s’engagea alors dans un long couloir sombre aux murs de pierre. Il n’avait pour simple décoration que des torches à égale distance, dont la faible lumière combattait tant bien que mal l’obscurité étouffante du corridor, ainsi que de nombreuses toiles d’araignée, abandonnées depuis longtemps pas leurs propriétaires.
Sur leur garde, les compagnons avancèrent lentement dans le long corridor, arme en main, avant d’arriver devant un escalier en colimaçon, en pierre lui aussi et aux marches inégales, qui descendait vers d’obscurs sous-sols.
Hyu attrapa une torche non loin puis, d’un pas incertain et posant une main sur le mur, froid, elle descendit lentement l’escalier, suivie de près par Sakdoss puis venait Naliaena. Ils arrivèrent devant une lourde porte de bois, sertie d’une serrure de fer rouillé, d’où sortait une lente et faible psalmodie, étouffée par l’épaisseur de la porte. Se tournant vers ses camarades, Hyu leurs fit signe de ne faire aucun bruit.
-On essaie d’entrer discrètement, on se cache, et on voit quoi faire après! Chuchota-t-elle. On n’sais pas combien ils sont là d’dans!

A peine eu-t-elle ne serait-ce qu’entrouvert la porte que celle-ci émit un énorme grincement et alerta les prêtres. Tout ce passa alors très vite: La vingtaine de prêtre présent se retourna vivement vers Hyu, brandissant bâton de croix, poignard et...une poêle? Hyu, surpassée par les événement se retrouva, en un rien de temps, la lame sous la gorge, les moines menaçant Sakdoss et Naliaena qui arrivaient.

Lorsque Naliaena entra dans la salle à la suite de Hyu, une assemblée de prêtre en bure tachetée se tenait debout, les yeux exorbités en direction de la porte.
Hyu était au prise avec un religieux, un couteau sur la gorge.
Sakdoss, surpris, était affalé sous trois hommes le prenant visiblement pour une monture.
Naliaena s'autorisa trois secondes de réflexion, décida que la situation était critique, et entreprit de faire demi tour et d'abandonner ses compagnons lorsqu'elle remarqua du coin de l'œil un étrange scintillement. Une poêle?
Prise d'une curiosité sans bornes, Naliaena décida finalement de rester pour en savoir plus.
-Dites, M'sieur? Elle est en fonte ou en or, ta poêle?
Question existentielle pour l'elfe, à laquelle le prêtre se contenta de répondre d'un air abruti, tout en clignant les yeux, regardant successivement la poêle qu'il tenait à deux mains devant lui, et l'insolente qui avait osé lui adressé la parole, à lui! Le chef des prêtres drogués du temple de la Terre!
Sans plus attendre, il passa à l'action.
Naliaena le vit se baisser, enchaîner quelques passes de haut niveau poêlique, puis courir se cacher derrière un jeune prêtre un peu paumé.
Pendant ce temps, Hyu avait apparemment touché une zone sensible, puisqu'elle se tenait libre, devant un prêtre agenouillé, souffrant visiblement le martyr.
Sakdoss, quand à lui, avait trouvé son repas. Celui de l'heure, du moins.
Devant cette assemblée quelque peu étrange, Naliaena restait perplexe.
Elle était déçue, n'avait pas sa réponse, avait faim, mais n'osait demander à Sakdoss de partager, et était quelque peu impatiente de trouver le porteur de drogue.
C'est qu'en temps que mercenaire, elle espérait bien toucher une part du butin!
Puis, commençant à trouver le temps long, et les prêtres quelque peu niais, ne voyant pas Hyu agir, et Sakdoss se préparant à dormir, Naliaena se mit à chantonner.
Dans a mesure où l'on peut nommer chantonnement le puissant chant de guerre qui sortit de la gorge de l'elfe, en faisant trembler les murs du temple.
Sa hache commença alors à trancher et décapiter joyeusement ce qui passait à sa portée.
Hyu et Sakdoss se mêlèrent bientôt du combat.
Les prêtres n'en menaient pas large.
Ce qui était au départ une simple distraction devient bientôt un massacre, dont personne ne pu donner la raison.
Personne, parmi les survivants.
Le prêtre à la poêle était de ceux-ci.
S'il n'avait pas perfectionné sa technique du combat, ou la maîtrise de ses entrailles et de sa peur, il avait toutefois développé un sens du plancage-derrière-les-autres et de l'assomage-à-coups-de-poêle assez intéressants, qui lui permirent de s'en sortir sans trop de séquelles.
A moins que Naliaena ne l'épargna pour obtenir sa réponse.
-Alors, M'sieur, elle est en quoi ta poêle?
Autour des trois compagnons, le silence c'était fait.
Quelques survivants, des têtes et des membres éparpillés dans tous les coins, les corps restants rassemblés au centre par Sakdoss, qui pensait visiblement à faire des provisions.
L'atmosphère lourde incita sûrement le prêtre agenouillé devant Naliaena à lui répondre.
-En.. en cui... cuivre... je crois.
Ses yeux qui ne fixaient rien de concret tranchaient quelque peu avec l'air implorant que prenaient les traits de son visage. C'est que le pauvre bougre n'avait pas du regarder les composantes de ses outils de cuisine, lorsqu'il avait fait refaire l'aile des domestiques, il y a quelques nombreuses années. Disons tellement nombreuses que prêtre et domestiques, ainsi que luxe et religion allaient très bien ensemble.
Naliaena, déçue par la réponse, s'en alla bouder dans un coin, tandis que Hyu prenait la tête des opérations.
C'est à dire qu'elle questionna le prêtre qui se demandait s'il n'était pas tombé sur plus fou qui lui, au sujet des herbes tant convoitées.
La réponse qu'il lui apporta ne sembla pas lui plaire, car l'attitude de la draeneï changea soudain.

Hum.. reuh?
*s'enfuit en sifflotant*

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