Merci !!
Et voilà le défi :
Ikandor était donc un assez grand village pour qu’Enelda parvînt à s’y perdre…
Et voilà qu’un gamin se présenta. Pas très grand, le teint halé, les yeux et cheveux noirs, d’une dizaine d’années, il avait facilement deviné que la femme tournant en rond sur la place s’était perdue.
De sous sa cape elle sorti quelques pièces de monnaie. Le garçon alla pour s’en emparer mais elle retint son geste. Il n’aurait sa récompense qu’une fois qu’il lui aurait trouvé l’auberge qu’elle cherchait. Il l’emmena donc entre les rues mal entretenues et éclairées, les ruelles ténébreuses et les maisons prêtes à s’écrouler…
… Jusqu’à l’impasse. Enfin, elle ne se rendit pas tout de suite compte que c’était une impasse. Seulement lorsque le garçon disparut de son champ de vision pour disparaître dans les ténèbres. Puis, les bruits de pas se rapprochant. Une embuscade, sans aucun doute.
Enelda ne ressentit aucune peur, juste de la surprise. Et du mécontentement contre elle-même. S’être fait si facilement bernée, une femme de son expérience, de son âge…
Elle attendit patiemment que le groupe de gens arriva à sa rencontre. Lorsque la confrontation eut lieu, on aurait pu croire à un rendez-vous amical. Les voix se faisaient douces, la tension calme. Le groupe était constitué de six hommes et d’une femme. Apparemment, ils étaient organisés, et la femme semblait être le chef, chose plutôt étonnante que remarqua la femme encerclée. Elle apprit d’eux qu’ils l’avaient repérée à son arrivée dans le village (l’un d’entre eux avait vu à son poignet des bracelets qui lui semblait signe de richesse) mais ils n’apprirent rien sur elle. Tout cela en phrases innocentes et bénignes mais dont le sens était clair, en tournures subtiles, en sous-entendus masqués.
La discussion était paisible jusqu’au moment où l’un des hommes devint nerveux. Il n’aimait pas cette ambiance. Il voulait dominer la situation. Les jeunes tournaient en rond autour de leur cible, attendant un signal de leur chef. Signal qui tardait à venir. Alors le plus jeune d’entre eux pris les devants. Il s’avança vers Enelda, la regarda en souriant et dit :
« Finit de jouer. Donne-nous tout ce que tu possèdes ou tu risques de ne pas apprécier ce qui te sera fait.
-Sont-ce des menaces ? Demanda finement son interlocutrice.
-Tais-toi. Et dépêche-toi, je ne suis pas de nature patient. Lui répondit-il.
La femme-chef fit un geste qui sembla arrêter le temps. Ils s’avançaient inexorablement vers Enelda et elle sentait perdre le contrôle de la situation. Son geste arrêta leur progression, sans pour autant qu’ils quittent des yeux Enelda.
-Jiim, dois-je te rappeler encore qui commande ? Fit-elle d’un ton mielleux.
-C’est avec grand plaisir que je te laisse la place, chef. Lui répondit-il sur le même ton.
Enelda regardait leur petit jeu avec flegme. Il lui tardait de passer à l’action.
Son souhait s’exauça à l’instant même où la chef prit place devant elle.
-Je te donne deux minutes pour nous donner tout ce que tu as sur toi. N’essaie pas de nous cacher quoi que ce soit, car nous le saurons. Exécution !
-Non. Répondit simplement l’intéressée. Je ne crois pas. »
Et, sous leurs yeux ébahis, elle leva la tête, laissant tomber sa capuche et se dévoiler sa chevelure d’or, puis ferma les yeux, tendit ses bras sur le mur devant elle, rouvrit son regard noisette et fixa la chef devant elle.
Avant que celle-ci n’ai eu le temps de répliquer elle reçut une pierre sur la tête.
De voir leur chef à terre sembla réveiller les hommes stupéfaits. Ils sautèrent sur l’attaquante qui ne se départit pas de son calme. Des pierres fusèrent de toutes parts, frappant impitoyablement. Quatre se retrouvèrent rapidement assomés. Les deux survivants de la bande voulurent s’enfuirent. Ils virent un rocher les courser, imposant, rapide et sans pitié. Terrorisés, ils accélérèrent.
Enelda cessa sa danse funeste lorsqu’ils furent assez loin, en explosant d’un rire macabre. Elle remit sa capuche, sa cape qui s’était à demi enlevée au cours de ses gesticulations. Elle s’en alla, laissant derrière elle cinq corps inanimés, et reprit sa quête d’une auberge.
Un habitant se réveilla en pleine nuit, croyant au tremblement de terre. Il vint à sa fenêtre, et aperçut avec étonnement un rocher au beau milieu de la rue que bordait sa maison…